National Exceptionalism - Exceptionnalisme national

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The dangers of believing in exceptionalism                                      Traduction française ci-dessous

In the long sweep of history, few ideas have proven as seductive, and as spiritually dangerous, as the doctrine of national exceptionalism.

This belief, which casts certain nations as uniquely chosen or divinely favored, has been a potent ideological force behind imperial conquest, military aggression and moral self-exemption.

One of the most consequential expressions today is the belief—shared by many Jewish and Christian Zionists—that the modern state of Israel is the direct fulfilment of ancient biblical promises. This fusion of sacred history with modern statehood has profound theological and ethical implications.

Chosen-ness is to live justice and mercy

The Hebrew Scriptures do speak of Israel as God's "chosen people," but chosenness is never an endorsement of superiority. Rather, it is a calling to live according to justice and mercy—welcoming the stranger, protecting the vulnerable and safeguarding the land.

The prophetic tradition relentlessly critiques claims of divine favour not grounded in righteousness. As Amos declared: "You only have I known of all the families of the earth; therefore I will punish you for all your iniquities" (Amos 3:2).

Biblical promises about the land are deeply conditional. The land is not an unconditional possession, but a gift held in trust, dependent on covenantal faithfulness. Injustice—especially against the poor, the foreigner and the disenfranchised—leads not to triumph, but to exile.

Misunderstanding exceptionalism

Applying national exceptionalism to justify the dispossession of Palestinians, the expansion of settlements and denial of civil rights in occupied territories is a tragic inversion of the biblical witness.

The horrors unfolding in Gaza—described by Mirjana Spoljaric of the International Committee of the Red Cross as "hell on earth"—demand moral clarity. Thousands of lives have been lost, infrastructure destroyed and civilian suffering intensified. Claiming theological justification for this is indefensible.

America's myth of divine blessing

American exceptionalism tells a parallel story. From John Winthrop's "city on a hill" to Ronald Reagan's dream of America as the last, best hope of Earth, US political identity has been steeped in theological imagery.

In this narrative, America is not merely one nation but a providential actor with a divine mission to spread freedom and righteousness. Yet, when divine blessing is invoked to justify global dominance, exceptionalism begins to rot.

When God is claimed for empire

The Jesus who blessed the meek and stood with the poor is not found in migrant deportations, child detentions or the silencing of dissent. Nor is he present in drone strikes, arms exports or sprawling networks of military bases.

American exceptionalism has bred self-righteousness that treats criticism as betrayal and repentance as weakness.

New Zealand must also guard against subtle exceptionalism. The nickname "Godzone" may sound affectionate, but taken uncritically, it risks moral complacency and blindness to injustices: Māori land confiscations, suppression of te reo Māori, Pacific dawn raids and inequities in health, education and justice.

Empire cloaked in faith

The British Empire exemplified the theological dangers of exceptionalism. Colonialism was framed as a sacred duty—the "white man's burden." The Bible travelled with the gunboat, the Gospel proclaimed with foreign rule.

Indigenous cultures, languages and structures were dismantled under the guise of spreading Christian civilization. The irony was profound: an empire claiming to spread Good News often became an agent of oppression. That legacy still lingers.

The most chilling examples

The most extreme form was Nazi Germany, where racist ideology was cloaked in corrupted Christian symbolism. Theology was manipulated, churches co-opted and Aryan supremacy presented as destiny. This culminated in genocide—a theological blasphemy and inversion of the Gospel.

Today, Russia echoes this logic. The "Russian World" ideology, supported by elements of the Orthodox Church, frames Russia as defender of Christianity against the West. This narrative justifies aggression in Ukraine and repression at home, once again blessing violence with sacred language.

God's blessing is not exclusive

Biblical faith does not exalt one nation above another. Abraham's call is to bless all peoples. The prophets condemn confusing religious identity with moral licence.

The New Testament redefines chosenness: "There is no longer Jew or Greek, slave or free, male and female; for all are one" (Galatians 3:28).

To be chosen is not to claim privilege but to bear responsibility, not to dominate but to serve. The task of theology is not to bless empires but to unmask idols and call nations to humility, repentance and reconciling love.

Author: Graham Redding trained as an Accountant in Auckland before studying Theology at Otago and serving as a Minister in the Presbyterian Church of Aotearoa for 15 years. Graham served as national Moderator of the Presbyterian Church in 2008 and 2009. Grahame has a PhD in Theology from King's College, London. He now lectures in Chaplaincy Studies at the University of Otago.

First published in Tui Motu. Republished with permission.


Graham Redding - author

Les dangers de croire en l'exceptionnalisme

26 août 2025

Graham Redding

Au cours de l'histoire longue, peu d'idées se sont révélées aussi séduisantes et aussi dangereuses sur le plan spirituel que la doctrine de l'exceptionnalisme national.

Cette croyance, qui présente certaines nations comme étant choisies de manière unique ou favorisées par Dieu, a été une force idéologique puissante pour soutenir les conquêtes impériales, les agressions militaires et l'auto-exemption morale.

L'une des expressions les plus importantes aujourd'hui en est la croyance, partagée par de nombreux sionistes juifs et chrétiens, selon laquelle l'État moderne d'Israël est l'accomplissement direct des anciennes promesses bibliques. Cette fusion de l'histoire sacrée et de l'État moderne a de profondes implications théologiques et éthiques.

Être élu, c'est vivre dans la justice et la miséricorde

Les Écritures hébraïques parlent certes d'Israël comme du « peuple élu » de Dieu, mais cette élection n'est en aucun cas une marque de supériorité. Il s'agit plutôt d'un appel à vivre selon la justice et la miséricorde, en accueillant l'étranger, en protégeant les personnes vulnérables et en préservant la terre.

La tradition prophétique critique sans relâche les revendications de faveur divine qui ne sont pas fondées sur la justice. Comme le dit le prophète Amos : « Je n'ai connu que vous parmi toutes les familles de la terre ; c'est pourquoi je vous punirai pour toutes vos iniquités » (Amos 3:2).

Les promesses bibliques concernant la terre sont totalement soumises à conditions. La terre n'est pas une possession inconditionnelle, mais un don fondé sur la confiance, qui dépend de la fidélité à l'alliance. L'injustice, en particulier à l'égard des pauvres, des étrangers et des personnes privées de leurs droits, conduit à l'exil et non pas au triomphe.

Le malentendu sur l'exceptionnalisme

Appliquer l'exceptionnalisme national pour justifier la dépossession des Palestiniens, l'expansion des colonies et le déni des droits civils dans les territoires occupés est une inversion tragique du témoignage biblique.

Les horreurs qui se déroulent à Gaza, décrites par Mirjana Spoljaric, du Comité international de la Croix-Rouge, comme « l'enfer sur terre », exigent que l'on fasse preuve d'une lucidité morale. Des milliers de vies ont été perdues et les infrastructures détruites, les souffrances des civils sont de plus en plus intenses. Il est indéfendable de prétendre donner une justification théologique à cela.

Le mythe américain de la bénédiction divine

L'exceptionnalisme américain raconte une histoire parallèle. Depuis la Ville sur la colline (1) de John Winthrop jusqu'au rêve de Ronald Reagan d'une Amérique comme l'espoir ultime, le meilleur espoir pour la Terre, l'identité politique américaine a été imprégnée d'imagerie théologique.

Dans ce récit, l'Amérique n'est pas seulement une nation, mais un acteur providentiel ayant une mission divine, celle de répandre la liberté et la justice. Cependant, lorsque la bénédiction divine est invoquée pour justifier une domination mondiale, l'exceptionnalisme tourne à la perversion.

Quand Dieu est réquisitionné au nom de l'empire

Le Jésus qui bénissait les humbles et se tenait aux côtés des pauvres n'a pas sa place dans les expulsions de migrants, les détentions d'enfants ou la répression des dissidents. Il n'est pas non plus présent dans les frappes de drones, les exportations d'armes ou les réseaux tentaculaires de bases militaires.

L'exceptionnalisme américain a engendré une attitude moralisatrice qui considère la critique comme une trahison et le repentir comme une faiblesse.

La Nouvelle-Zélande doit également se prémunir contre un exceptionnalisme subtil. Son surnom de « Godzone » (terre préférée de Dieu) peut sembler anodin, mais pris sans esprit critique, il risque d'entraîner une complaisance morale, une cécité face aux injustices commises : confiscations de terres maories, suppression du « te reo maori », traumatisme des raids à l'aube contre les peuples du Pacifique et inégalités en matière de santé, d'éducation et de justice.

Un Empire se drapant du voile de la foi

L'Empire britannique illustre parfaitement les dangers théologiques de l'exceptionnalisme. Le colonialisme était présenté comme un devoir sacré, le « fardeau de l'homme blanc ». La Bible se déplaçait avec les canonnières, l'Évangile était annoncé avec la domination étrangère.

Les cultures, les langues et les structures indigènes ont été démantelées sous prétexte de diffuser la civilisation chrétienne. C'était une ironie profonde : l'empire qui prétendait diffuser la Bonne Nouvelle devenait souvent un agent d'oppression. L'héritage en persiste encore aujourd'hui.

Les exemples les plus effrayants

La forme la plus extrême a été celle de l'Allemagne nazie, où l'idéologie raciste était enveloppée d'une symbolique chrétienne corrompue. La théologie était manipulée, les Eglises récupérées et la suprématie aryenne présentée comme voulue par le destin. Cela a abouti au génocide, un blasphème théologique et une perversion de l'Évangile.

Aujourd'hui, la Russie fait écho à cette logique. L'idéologie du « Monde russe », soutenue par certains éléments de l'Église orthodoxe, présente la Russie comme le défenseur du christianisme contre l'Occident. Ce discours justifie l'agression de l'Ukraine et la répression à l'intérieur du pays, bénissant une fois de plus la violence par un langage sacré.

La bénédiction de Dieu ne connaît pas d'exclusive

La foi biblique n'exalte pas une nation au-dessus d'une autre. L'appel fait à Abraham est à la bénédiction de tous les peuples. Les prophètes condamnent la justification de la licence morale par l'identité religieuse.

Le Nouveau Testament redéfinit l'élection : « Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni homme libre, il n'y a plus l'homme et lafemme, car tous vous n'êtes plus qu'un en Jésus-Christ » (Galates 3, 28).

Être élu, ce n'est pas se prévaloir d'un privilège, c'est assumer une responsabilité, c'est non pas dominer mais servir. La tâche de la théologie n'est pas de bénir les empires, mais de démasquer les idoles et d'appeler les nations à l'humilité, à la repentance et à l'amour réconciliateur.

Graham Redding a suivi une formation en comptabilité à Auckland avant d'étudier la théologie à l'université d'Otago et d'exercer pendant 15 ans en tant que pasteur au sein de l'Église presbytérienne d'Aotearoa [Nouvelle-Zélande]. Il a été le modérateur national de l'Église presbytérienne en 2008 et 2009. Il est titulaire d'un doctorat en théologie du King's College de Londres. Il enseigne aujourd'hui dans les formations aux ministères d'aumônerie à l'université d'Otago. https://www.otago.ac.nz/theology/staff/graham-redding

Ce texte a été ublié pour la première fois dans Tui Motu InterIslands Magazine, n°306, août 2025, p. 6-7. Tui Motu est un mensuel catholique indépendant, publié à Dunedin, Nouvelle-Zélande. Republié avec autorisation.

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(1) NDT. John Winthrop est un prédicateur puritain britannique, qui donna en 1630 aux premiers colons de la Nouvelle Angleterre un sermon intitulé « City on a hill » (La cité sur la montagne). Il y applique à l'expédition des colons le passage de Matthieu 5,14 : « Vous êtes la lumière du monde ; une ville située sur une montagne ne peut être cachée ».

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