Fr Joseph McLaughlin SM, Notre Dame des Victoires, San Francisco, California writes:
It is 9:15 am and I begin my 20-minute walk to St. Anthony's dining room in the tenderloin district of San Francisco. In October 1950, Father Alfred Boeddeker opened the doors of St. Anthony's dining room to men and women in need of meals. Since then, services offered here have grown to include a medical clinic, free clothing program, technology lab and more. However, its mission remains the same: to care for those in need and create a society in which all persons flourish.
As I draw closer to Golden Gate Avenue I meet Anna who could be 35 or 55; a dear lady who seldom speaks to me. "Hi Anna, it is Joe. I hope you are okay today. Please come to the dining room for lunch." Barely a nod from her.
I am two blocks away from St. Anthony's and I watch my step because the street is the bathroom for many. Two men are sharing a needle. Many tents hide the sleeping and all their possessions. Men and women are huddled in corners or lying on the sidewalk. The garbage from half empty breakfast cartons and thrown away clothes line the curbs and sidewalks.
I arrive at the front doors of St. Anthony's and proceed to sign in to receive my daily assignment. Kyle asks me to be the greeter today. "Welcome to St. Anthony's. Would you like to eat in the dining room or get take out?" So many are grateful and express it. Some are hurting and alone. There are those who live in another world and barely understand. Many you get to know by sight and others by name. Bill comes through the line 5 times to get take out for people at home. Moses tells me about his mother.
Kyle asks me to move to the line and give out bananas. Patrick comes by and I greet him. "So good to see you, God bless you." He tells me he is grateful for being welcomed. I tell Ben that there is no ice cream today and he says, "I will tell the mayor about this." It is our running joke.
My legs are tired after 3½ hours of standing. 1:30pm arrives none too soon. I return to the parish by different roads and pass the hostel hotels used by the city to house those in need. Sometimes I take the cable car when my legs are a bit weak. It is all worth it though because I see the reality faced by the thousands in San Francisco, the millions in our country and hundreds of millions around the world.
Why do I serve here? I have to. If I don't I will remain in my comfortable bubble. I forget my Christian calling and more clearly our Marist mission which leads me and calls me to minister to the marginalized, lost and forgotten of society. As a missionary in the Philippines the Lord taught me an important lesson which applies to this ministry at St. Anthony's. "I am the one who has to be changed."
Vocation mariste et ministère parmi les pauvres
P. Joseph McLaughlin SM, Notre Dame des Victoires, San Francisco, Californie
Il est 9h15 du matin et je commence ma marche de 20 minutes vers le restaurant de St Anthony, dans le quartier chaud du Tenderloin à San Francisco. En octobre 1950, le P. Alfred Boeddeker a ouvert un restaurant à St Anthony pour les femmes et les hommes qui ont besoin d'une aide alimentaire. Depuis, les services qu'il offre se sont multipliés et comprennent maintenant un dispensaire médical,un vestiaire gratuit, un atelier de formation technique, et bien plus encore. Cependant sa mission reste la même : avoir le souci de ceux qui sont dans le besoin et promouvoir une société dans laquelle chacun peut s'épanouir.
En approchant de Golden Gate Avenue, je croise Anna. Elle peut avoir 35 comme 55 ans, cette chère dame ne me parle presque jamais. « Bonjour, Anna, c'est Joe. J'espère que ça va bien, aujourd'hui. Voulez-vous venir prendre le déjeuner au restaurant ? » A peine un signe de tête de sa part.
Je suis à deux rues deSt. Anthony et je fais attention où je mets les pieds, car la rue est pour beaucoup le seul lieu d'aisance. Deux hommes partagent une seringue. Un grand nombre de tentes servent d'abri à des personnes qui dorment, avec tout ce qu'elles possèdent. Des femmes et des hommes sont blottis dans des coins ou gisent sur le trottoir. Les ordures des cartons de petit-déjeuner à moitié vides et les vêtements jetés jonchent les trottoirs et les caniveaux.
J'arrive à la porte principale de St. Anthony et je vais demander quelle tâche m'est assignée pour cette journée. Kyle me demande aujourd'hui d'assurer l'accueil. « Bienvenue àSt. Anthony. Souhaitez-vous prendre le repas sur place, au restaurant, ou prendre un panier-repas ? » Beaucoup de ceux qui viennent sont reconnaissants et le disent. Certains souffrent et sont seuls. Il y en a qui vivent dans un autre monde et comprennent à peine ce qui leur arrive. On arrive à en reconnaître beaucoup, le uns de vue, d'autres par leur nom. Billfait la queue cinq fois, pour prendre des repas et les porter à domicile. Moïse me parle de sa mère.
Kyle me demande de prendre une place dans la file et de distribuer les bananes. Patrick se présente et je le salue. « Heureux de te voir, que Dieu te bénisse ». Il me dit qu'il est heureux de se sentir accueilli. Je dis à Ben qu'il n'y a pas de crème glacée aujourd'hui et il me répond : « J'en parlerai au maire ». C'est notre manière habituelle de plaisanter.
Après être resté debout pendant trois heures et demi, j'ai mal aux jambes. Ce n'est pas trop tôt qu'arrive 13h30. Je retourne à la paroisse par un chemin différent et je passe devant les hôtels « Hostels » où la mairie loge ceux qui n'ont pas de ressources. Des fois je prends le funiculaire, quand mes jambes sont un peu trop faibles. Tout cela en vaut la peine, cependant, car je vois la réalité à laquelle sont confrontés des milliers de gens à San Francisco, des millions dans notre pays et des centaines de millions à travers le monde.
Pourquoi rendre service de cette manière ? Cela me semble un devoir. Si je ne le faisais pas, je resterais dans ma bulle confortable et j'oublierais ma vocation de chrétien, plus précisément notre mission mariste qui me guide et m'appelle à me mettre au service des personnes perdues, oubliées, marginalisées de notre société. Quand j'étais missionnaire aux Philippines, le Seigneur m'a donné une leçon importante, qui reste valable dans ce ministère à St. Anthony : « C'est moi, celui qui doit être changé ».